Mobilisation du collectif "Bouge ta préfecture", le 30 novembre 2021
À l’occasion du septieme dépôt collectif de référés devant les tribunaux administratifs d’Île-de-France, le collectif s’est réuni à la Bourse du travail, une après-midi pour envisager de nouvelles modalités d’actions en 2022.
« Aujourd’hui on se retrouve car on en a tous assez des obstacles administratifs liés à la dématérialisation imposées aux personnes étrangères aujourd’hui en France. On se mobilise depuis 2019, la réaction prend de plus en plus d'ampleur, et cela fait un an, qu’on dépose tous les deux mois, une centaine de référés dans les tribunaux d’Île-de-France et nous gagnons dans la majorité des cas.
Malgré notre action, qui monte en ampleur dans toute l’Île-de-France, la situation ne change pas, voire s’empire. On s’est dit, que c’était le moment de penser ensemble, sur la façon d'être innovants dans nos modes d’actions, d'agir tous ensemble, d'être plus visibles, de donner à voir dans les médias ce que vivent réellement les personnes autrement que par des chiffres et d'aller jusqu’au bout, afin que cela change en se donnant les moyens. » Judith, animatrice du 92.
« Ce temps permet de décider ensemble des perspectives, des suites de notre mouvement, de ressortir les grandes idées, de définir ensemble ce vers quoi s’orienter, ce que l’on peut rajouter tout en étant créatifs dans notre démarche. C’est l’objectif de ce temps entre militants, bénévoles, membres du collectif, personnes accompagnées de pouvoir s’exprimer et d’être entendus pour faire bouger les choses.» Aurélie, animatrice et membre du collectif
« La rencontre a démarré l’après-midi avec des ateliers de médiation artistique visant à faciliter l’expression de tous. Ces ateliers proposeront ainsi les premiers éléments de réflexions qui seront repris et retravaillés en soirée. » témoigne Aurélie, animatrice dans la délégation de Paris.
« C’est la première fois que je participe à un atelier comme celui-là, on se retrouve complètement embarqué et finalement, on a l’impression d’être assez créatif, alors que je ne pensais pas l’être autant. Il y a eu une chouette cohésion qui s’est créée au moment de l’atelier, c’est super ce qui se vit sur le moment » Camille, déléguée du Secours Catholique du 93
« J’accompagne beaucoup de personnes dans leurs démarches de régularisation et l'obtention de leurs papiers . Ce n’est pas par hasard, s'ils quittent leur pays, c’est réellement parce qu’ils n’ont pas le choix et qu’ils sont obligés de partir. Les conditions d'accueil qu’on leur propose, une fois arrivés en France sont vraiment insupportables et méritent d’être entendues », témoigne Sophie, membre du collectif dans le 92, bénévole dans l’administratif.
« Je vis en France depuis 5 ans, j’ai mis plus de cinq ans pour valider mon dossier. Je recherchais un rendez-vous que je n’ai jamais pu l’avoir, je suis très contente de m’être faite accompagnée par des associations, elles ont été d’une grande aide. Je n’avais pas d’ordinateur pour prendre des captures d’écran. Comment trouver un travail pour une personne sans papier, c’est difficile d’avoir accès au numérique (internet, pc…). J’ai quand même réussi à faire ces captures pendant un mois et après, avec l’aide des associations, j’ai pu avoir un rendez-vous et être reçue. Aujourd’hui, j’ai un emploi, ma situation est régularisée. Je suis ici pour soutenir les personnes qui n’ont pas encore été reçues et leur dire qu’il est important que cela bouge. Un parcours sans fin, je pense déjà à renouveler mes papiers, une démarche qui n’arrête jamais. » Nadia*, personne maintenant régularisée
*les prénoms ont été modifié
Je suis immigré aussi, mes parents l’étaient, si la préfecture ne m'avait pas ouvert cette porte, je ne serais pas là, je suis obligé, c’est une problématique réelle, je me sens concerné.