"Quel chemin de vie !" Le récit d'un parcours inspirant, par Yaya K.
Aujourd’hui, nous partons à la rencontre de Yaya* K. En lingala, langue parlée dans plusieurs pays d’Afrique, comme en République Démocratique du Congo (RDC) dont elle est originaire, Yaya veut dire grand frère ou grande sœur.
C’est comme ça que Yaya et Edith, bénévole de l’équipe Emploi à Maison Compoint, dans le 17ème arrondissement, s’appellent entre elles. Elles me reçoivent ensemble pour que Yaya me parle de son parcours inspirant :
“Vous ne savez pas à quel point l’équipe de Maison Compoint m’a sauvée ! Je suis arrivée en France en 1989 pour rejoindre mon ex-mari. Mais suite aux menaces de mort de celui-ci, j’ai pris mon courage à 2 mains, je suis partie de la maison et j’ai demandé le divorce. Cela a été très difficile pour moi car j’ai laissé plusieurs de mes six enfants derrière moi.
En plus je n’avais ni logement, ni travail : suite à un accident de travail, j’ai été mise en retraite anticipée pour invalidité par la mairie de Chelles, où je travaillais. À partir de là, j’ai connu une période très difficile : j’ai d’abord été hébergée dans un hôtel du 17ème arrondissement, puis je me suis fait mettre dehors car d’autres personnes étaient prioritaires. Depuis, je suis hébergée dans le 91, à Savigny-sur-Orge, mais les conditions sont dures : mon matelas est cassé et il y a des cafards et des souris dans ma chambre.
En tant que femme noire immigrée et mère de six enfants, j’ai subi et je continue de subir beaucoup d’injustices. Malgré cela, j’ai continué à me battre pour me libérer de ma condition : j’ai entendu parler du Secours Catholique et je suis allée pousser la porte de la Maison Compoint pour trouver du soutien. Ce sont d’abord Marie-Ange et Damien qui m’ont accueillie, puis accompagnée. Leur soutien psychologique m’a fait beaucoup de bien, mais ils m’ont aussi aidée à m’ouvrir à de nouvelles perspectives : grâce à Secours Emploi (groupe d’insertion professionnelle partenaire du Secours Catholique, NDLR), j’ai trouvé un emploi en tant que surveillante scolaire. Pendant trois mois, j’ai travaillé trois heures par jour : cela a marqué pour moi un premier pas et le début de ma réinsertion. Grâce à ça, je me suis accrochée et j’ai obtenu un C.A.P d’Aide à l’enfance, passé et payé de ma poche ! J’ai ensuite fait la rencontre d’Edith, qui m’a aidé à mettre à jour et personnaliser mon C.V. et ma lettre de motivation.
Nous les avons distribués dans les crèches environnantes, et la chance m’a souri : une crèche privée dans le 17ème arrondissement m’a appelé pour me proposer un poste. J’y travaille depuis six mois et j’ai signé un C.D.I. le 23 Février !
Même si je suis très soulagée d’avoir un emploi stable et que je suis reconnaissante envers le Secours Catholique, mon combat n’est pas fini : je reste hébergée à l’hôtel dans des conditions difficiles, et à cause de cela, je ne peux pas obtenir la garde de mes enfants. Grâce à différentes équipes du Secours Catholique, nous avons pu constituer une demande DALO pour laquelle je suis prioritaire, nous attendons une réponse.
Je pense que mon parcours peut être inspirant, car il raconte l’histoire d’une libération par rapport à la condition que de nombreuses femmes partagent : nous devons faire face au quotidien à de nombreuses inégalités et nous devons constamment nous battre pour avoir accès à nos droits.
De mon côté, j’ai touché le fond mais j’ai su rebondir, je m’en sors petit à petit, grâce au Secours Catholique qui m’a redonné confiance en moi et qui m’a énormément aidé dans mes démarches ! Grâce à Marie-Ange, qui a transmis mon nom à l'association Sainte-Geneviève, je vais peut-être obtenir une chambre passerelle en attendant d'être relogée convenablement. Mon histoire continue !”
Un grand merci à Yaya et Edith pour leur témoignage et leur confiance !
*Le prénom a été modifié
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