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Accompagnement scolaire
Commune
Paris

Garder le lien pendant l'été

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L’accompagnement scolaire est une des activités à travers laquelle les bénévoles du Secours Catholique soutiennent des familles en situation de précarité. Au-delà du soutien scolaire, des relations chaleureuses se tissent entre les bénévoles, les enfants et leur famille. Odile, Bamby, Kadidia, Fouleye et Mariama en témoignent, le temps d’une excursion au Jardin du Luxembourg.

« La Tour Eiffel ! », s’exclame Mariama, 6 ans, émerveillée par cette apparition soudaine. Stoppée net dans sa course, elle contemple la haute dame de fer par-dessus le bassin, les tilleuls et les marronniers du Jardin du Luxembourg, à Paris. Bamby, 9 ans, connaît les lieux et s’intéresse à tout autre chose. Elle désigne de l’index un enclos sous les arbres : « Ils sont là-bas, les poneys ! »

En ce vendredi d’été, Mariama et Fouleye, deux copines de 6 ans, profitent avec leurs grandes sœurs respectives, Kadidia et Bamby, d’une sortie imaginée par Odile Moser, bénévole au Secours Catholique et retraitée. Odile accompagne les deux aînées toute l’année lors de séances de soutien scolaire organisées par l’association dans le XIe arrondissement. Cette sortie au Luxembourg, c’est une manière de fêter le début des vacances. Et de tisser des liens au-delà de l’accompagnement scolaire.

Du bout des doigts, Bamby caresse le plus petit poney. En CM1, elle mesure déjà près d’1m50 et dépasse d’une bonne vingtaine de centimètres les enfants de son âge. C’est Nuage, le plus grand des poneys, qui lui sera attribué. « Ça fait un peu peur, reconnaît Bamby, parce qu’il bouge tout le temps. »

Installée sur les chevaux, les quatre fillettes s’apprêtent à faire un tour au pas dans le jardin. À contrecœur, Odile glisse sa frêle silhouette entre les deux poneys et les saisit par la bride. Elle n’est pas très à l’aise avec ces bêtes-là. Les fillettes ne sont pas rassurées non plus, mais l’excitation est plus forte. Pas question d’abandonner leur monture.

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Un quart d’heure plus tard, les enfants sont comblées : « J’ai envie de faire mille tours de poney, jusqu’à ce que le parc ferme ! », s’exclame Fouleye. Mariama, elle, confie : « D’habitude, je suis toute petite, mais là, sur le poney, je me sens grande ! »

J’ai envie de faire mille tours de poney, jusqu’à ce que le parc ferme !

Fouleye, 7 ans

Odile et Bamby se connaissent depuis bientôt trois ans. Une fois retraitée, Odile a proposé ses services au Secours Catholique pour faire bénévolement du soutien scolaire et de l’accompagnement vers l’emploi. Bamby, elle, a besoin d’un coup de pouce pour faire ses devoirs. Ce sont surtout les mathématiques qui lui posent problème.

Née en Mauritanie, elle est arrivée en France alors qu’elle était bébé. La fillette est la cinquième enfant d’une fratrie de six. « Avec nos parents, on parle soninké, explique sa sœur aînée, Seta, âgée de 20 ans. Ils comprennent le français mais ils ont du mal à s’exprimer. »

Leurs parents travaillent comme agents d’entretien. Leur mère quitte l’appartement familial, un logement social situé dans le XIe arrondissement de Paris, vers 5 heures du matin, et revient vers 9 heures. Leur père, lui, part à 7 heures et revient en début d’après-midi. Il travaille aussi le samedi. Est-ce qu’ils peuvent les aider pour les devoirs ? Seta secoue la tête : « Non, pas vraiment. Nos frères aussi vont au soutien scolaire. »

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Une émulation collective

« Avec Bamby, on a une relation très forte », confie Odile. À la demande de l’institutrice des deux fillettes, Odile a inclus Kadidia dans les séances de soutien scolaire. Cette dernière, très proche de Bamby, se débrouille bien à l’école. Mais l’enseignante pensait que sa présence stimulerait l’apprentissage de Bamby. Le soutien scolaire se passe à trois désormais. Dans une salle de réunion mise à disposition par une association de quartier et dotée d’un grand tableau blanc. « Depuis qu’elles sont toutes les deux, c’est beaucoup mieux. Il y a une émulation. Elles me disent : ‘On veut aller au tableau !’ Le travail en commun devient un jeu. »

« À cause du confinement, poursuit Odile, Bamby et Kadidia sont venues travailler chez moi. » L’accompagnement scolaire ne pouvait plus se faire dans le local dédié, au pied de l’immeuble dans lequel vit Bamby et sa famille. Et il était difficile pour les fillettes d’être concentrées sur leur travail en restant chez elles, entourées de leurs frères et sœurs.

Quand l’institutrice de Bamby suggère une visite chez l’ophtalmologue, la petite fille demande à sa mère que ce soit Odile qui l’accompagne. Parce qu’elle parle français et échangera plus facilement avec les professionnels de santé.

« Je me suis rendue compte que comme Gansiry, leur mère, ne savait pas lire, elle ne comprenait pas le carnet de santé. » Aujourd’hui, les vaccins de la fillette sont à jour. « Je considère que cela fait partie de l’intérêt de l’enfant. Et c’est toujours en accord avec les parents », précise la bénévole. Gansiry accompagne désormais elle-même la petite sœur de Bamby à ses rendez-vous médicaux.

« Avec Odile, c’est plus que du soutien scolaire, confie Seta, étudiante en première année de BTS commercial. Elle emmène Bamby chez le dentiste, au restaurant, au parc… Même pour moi, Odile s’est impliquée. Elle m’a mise en contact avec des gens du Rotary, elle m’a aidé à trouver un stage. »

Avec Odile, c’est plus que du soutien scolaire. Elle emmène Bamby chez le dentiste, au restaurant, au parc… 

Seta, 21 ans, sœur aînée de Bamby

Pendant sa vie professionnelle, Odile a fondé une société de conseils en stratégie éditoriale. Aujourd’hui, elle fréquente encore des colloques de chefs d’entreprise. Elle en profite pour glisser le CV de Seta ou celui d’une personne qu’elle accompagne vers l’emploi.

Au Jardin du Luxembourg, la promenade terminée, les fillettes descendent de poney. « Ça vous a plu ? » interroge Odile. Les quatre répondent en chœur : « OUIIIII ! ». Elles suivent joyeusement Odile jusqu’aux balançoires.

Bamby et Kadidia s’installent face à face dans une balançoire double. Fouleye et Mariama font de même. Odile peine à pousser simultanément les unes et les autres. Les fillettes chantent à tue-tête et se donnent de l’élan dans de grands éclats de rire. « J’aime les enfants, c’est un vrai plaisir d’être ici avec elles, admet Odile. Je n’aime pas rester dans mon milieu. Je trouve les enfants beaucoup plus drôles que les adultes. »

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Auteur et crédits
Aurore Chaillou Crédits photographiques : © Élodie Perriot / SCCF