CF'Actions #1 : Le Pain Partagé - un lieu de convivialité et d'accès à une alimentation de qualité
Cette année, pendant la Campagne de Fin d’Année (C.F.A.), le Secours Catholique de Paris vous propose de partir à la rencontre de ses acteurs et actrices du quotidien, qui œuvrent chaque jour pour lutter contre la précarité et pour construire ensemble un Paris plus juste et solidaire.
Pour ce premier épisode, notre envoyé spécial Charles-François Arteta nous ouvre les portes du Pain Partagé, dans le 18ème arrondissement.
‘‘Mardi matin, 10h. Au 36 de la rue Hermel, adjacente à l’imposante église Notre-Dame-de-Clignancourt, j’aperçois une entrée qui se détache des autres. Je m’approche, et en un rapide coup d’œil à l’affichage, je sais que je suis au bon endroit : au Pain Partagé.
Je descends la courte allée qui mène à la salle et malgré le froid et le brouillard, je croise des gens de bonne humeur qui plaisantent autour d’un café. Je pousse la porte, et me voilà accueilli par deux bénévoles : Bernard et Vincent. La mine souriante et enjouée, ils se présentent à moi et m’expliquent le principe du lieu : chaque mardi et vendredi, de nombreuses personnes viennent boire un café et manger une part de gâteau vers 10h, les gens échangent, ça vit, l’ambiance est bonne. Certains partent, d’autres restent jusqu’à 12h30, heure à partir de laquelle un repas est organisé, préparé par des bénévoles dont certains cuisiniers de formation.
Je me joins donc aux festivités, et quelque chose me surprend tout de suite : je ne parviens pas à distinguer les bénévoles des personnes accueillies dans le lieu, tant tout le monde est à l’aise et s’approprie le lieu. Tout le monde va et vient de table en table, s’interpelle, sort et rentre à nouveau dans la salle : bref, c’est le bazar, mais un joyeux bazar !
A côté de moi se tient un homme tout sourire, qui promène son regard sur l’environnement qui l’entoure et semble en apprécier chaque miette. Il s’agit de Walter, un colombien arrivé en France en 1989, et qui vient assez régulièrement au Pain Partagé. « Tu sais, quand je suis arrivé en France, la vie était beaucoup moins chère que maintenant ! Tu pouvais remplir un caddie avec 100 francs à l’époque, et 100 francs, ça vaut 15 euros aujourd’hui. Tu ne fais rien avec 15 euros ! » s’exclame-t-il, content de sa démonstration. «C’est pour ça que je suis content de venir ici, on mange bien, c’est important. Tout le monde devrait avoir le droit de bien manger !». Je ne peux qu’être d’accord : au Secours Catholique, on milite pour un accès digne à une alimentation durable et de qualité pour tout le monde, et le Pain Partagé est une preuve qu'il est possible de le faire.
Walter m’entraîne ensuite vers une dame, qu’il me présente : il s’agit de Malika, bénévole pour le Pain Partagé et pour la paroisse Notre-Dame-de-Clignancourt depuis deux ans. Elle me raconte son parcours, très inspirant : ayant elle-même été dans la rue pendant 3 ans, elle a réussi à s’en sortir, et donne depuis de son temps au Pain Partagé. C’est elle qui propose l’accueil café du matin. « C’est bien plus que ça ! Ici, on m’apprécie parce que j’écoute les gens. Ils ont besoin que ça sorte, et que leur parole soit entendue. Je tends l’oreille et j’apporte mon soutien ou je les conseille. Mon passé me permet de comprendre ce dont ils ont besoin et de créer un lien avec eux. Je suis un peu la maman de cette grande famille ! »
Un homme s’approche de nous, curieux de voir une nouvelle tête : il s’agit de Mallory, un habitué des lieux. Je lui explique pourquoi je suis là, et son visage s’éclaire : « Ce qu’il faut absolument que tu dises, c’est qu’ici, on est une grande famille ! Le mot d’ordre, c’est convivialité ! On est heureux d’être ensemble, et bien sûr que le repas c’est important, mais on est là pour partager ! »
La boucle est bouclée. Je reste encore un moment, puis c’est le cœur léger que je quitte les lieux, en quête de nouvelles aventures. Je vous retrouve très bientôt pour un nouvel épisode !’’
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