Hébergement en hôtel : des mamans concernées s'expriment
Depuis le 12 février, le SecoursCatholique de Paris organise et anime un groupe de parole et de mobilisation pour les femmes hébergées dans les hôtels du 115. Un rendez-vous qui a lieu 1 samedi sur 3.
Valérie, à l’initiative de ce projet, animatrice réseau dans la Caritas Centre Est de Paris, a initié ce groupe avec l’appui des équipes engagées dans la thématique “de la rue au logement”. Ces réunions ne sont pas de simples groupes de parole, mais s’inscrivent dans une logique de plaidoyer porté par le Secours Catholique au niveau national. Personne n’est mieux placé que les personnes directement concernées, pour parler de leur situation.
L’objectif de ces groupes est de redonner la parole aux personnes qui ne l’ont pas/plus, et qui sont fragilisées par les conditions de vie dans les hôtels mis à disposition par le 115. Lors de ces réunions, les femmes présentes peuvent à la fois exprimer librement leurs émotions, aux côtés de femmes vivant la même situation, mais également être actrices du changement !
Ces réunions se déroulent en parallèle de la production et diffusion d’un court-métrage réalisé à partir d’un scénario écrit par Mado, une femme qui a été accompagnée par le Secours Catholique pendant plusieurs années. Elle raconte dans ce scénario son parcours de vie difficile lorsqu’elle était hébergée dans les hôtels du 115. Ce documentaire servira notamment comme support de plaidoyer et de mobilisation de l’opinion publique.
« Ce qui me frappe le plus, c’est le sentiment de peur que toutes ces femmes ont en commun : peur de l’hôtelier, peur d’être déplacées, peur du traumatisme pour les enfants, peur que cela dure…»
Lors de chacune des rencontres, une quinzaine de femmes se réunit et travaille avec des bénévoles et salariés. Pendant ce temps-là, les enfants sont pris en charge par des bénévoles dans une salle de jeux à côté.
Chaque séance est différente, et imaginée afin d'avancer ensemble, tout en permettant aux nouvelles arrivantes de suivre les séances.
Toutes les femmes présentes aux différentes réunions vivent depuis un moment - pour certaines, même plusieurs années - dans des hôtels du 115.
Dès la première séance, les femmes font part de leurs difficultés du quotidien : insalubrité, impossibilité de cuisiner, nuisibles dans la chambre, non-adaptabilité des conditions d’hébergement aux enfants en bas âge, hôteliers qui ne respectent pas la vie privée et les droits de chacun, déplacement de dernière minute à l’autre bout de Paris, chantages et menaces récurrents de la part des hôteliers…
Estelle, l’une des femmes présentes explique que : « la galère c’est tous les jours dans l’hôtel du 115 » et Aissatou ajoute : « avec les enfants en plus, on en peut plus de vivre comme ça ».
Toutes se demandent quand cela va se finir, et espèrent partir le plus vite possible.
Le premier confinement fut un épisode douloureux pour ces femmes, condamnées à vivre dans une chambre de 9m2 (et parfois moins) à 2, 3, 4, voire 5 personnes dont très souvent des enfants en bas âge ; le plus souvent sans accès à une cuisine.
Bien que les hôtels soient différents, les témoignages sont similaires d’une famille à l’autre.
La peur permanente de l’expulsion et des fausses accusations condamnent ces femmes au silence et à subir la violation de leurs droits. « On sait que le 115 va nous punir si on se plaint », assure Khady. Nombreuses sont celles qui ont subi les conséquences de leurs plaintes : changement d’hôtel ou retour à la rue.
Un sentiment de colère envahit les participantes. Une colère qu’elles peuvent enfin exprimer librement et sans filtre ; et qui se mélange à de l’espoir.
Les prochains rendez-vous auront lieu les 9 et 23 avril, les 7 et 28 mai, le 11 juin. Nous essayerons ensemble de créer des leviers d’action afin d’interpeller l’opinion et les Pouvoirs publics.